I. L’homme
Né en 1957 à Mukanza, dans la province du Kwilu, Adolphe Muzito s’est imposé comme l’un des hommes politiques les plus constants et les plus structurés de sa génération. Économiste de formation, diplômé de l’Université de Kinshasa, il a fait ses premiers pas dans la haute administration publique comme inspecteur des Finances, forgeant une solide expérience dans la gestion budgétaire et financière de l’État.
Marié à Chantal Ngalula, père de six enfants, Muzito s’est construit une réputation d’homme rigoureux, méthodique et passionné par les chiffres.
II. Un parcours politique marqué par les chiffres et la gouvernance
C’est au Parti lumumbiste unifié (PALU) qu’il fait ses premiers pas politiques, dans la lignée idéologique d’Antoine Gizenga. À Pretoria, lors du Dialogue intercongolais, il conduit la délégation du PALU et se hisse parmi les cadres influents du parti.
En 2007, il entre au gouvernement Gizenga comme ministre du Budget. L’année suivante, après la démission de Gizenga, il est nommé Premier ministre par Joseph Kabila, poste qu’il occupe jusqu’en mars 2012.
Durant son passage au gouvernement, Muzito laisse une empreinte forte : quadruplement du budget national, amélioration des salaires des enseignants, médecins, magistrats et fonctionnaires, et surtout l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, qui efface une grande partie de la dette extérieure de la RDC.
Élu député en 2011, puis réélu en 2018 et 2023, Muzito quitte le PALU pour fonder son propre parti, Nouvel Élan, en 2018. Candidat à la présidentielle de 2023, il termine quatrième avec 1,13 % des voix mais confirme son ancrage politique à Kikwit, son fief électoral.
Après plusieurs années de distance avec l’exécutif, il signe son grand retour le 8 août 2025, en étant nommé Vice-Premier ministre, ministre du Budget dans le gouvernement Suminwa.
III. Un combat politique : nationalisme économique et souveraineté
Muzito s’est toujours défini comme un nationaliste économique. Son credo : une gestion souveraine des ressources naturelles du Congo. Il propose l’ouverture du capital des entreprises minières au profit de l’État, des provinces et des communautés locales, afin de garantir une redistribution équitable des richesses.
Il milite aussi pour de profondes réformes institutionnelles, estimant que la Constitution actuelle est une « Constitution de transition » imposée par des forces extérieures. Pour lui, la RDC doit évoluer vers un régime plus adapté à ses réalités, et assurer la titrisation des terres en faveur des communautés locales.
En matière de sécurité et de souveraineté, il n’hésite pas à défendre des mesures radicales : ériger un mur entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, affecter 5 % du budget national à l’armée et aux services de sécurité, afin de consolider l’intégrité territoriale.
Depuis près d’une décennie, à travers son Université populaire et le Dialogue vertical, il entretient un lien direct avec la population, recueille les préoccupations du « Congo profond » et façonne une offre politique connectée aux réalités locales.
IV. Le défi du retour au Budget
Avec son expérience de technocrate, son passé de Premier ministre et son expertise des finances publiques, Muzito revient au gouvernement avec une mission ardue : répondre aux fortes attentes sociales, gérer une dette publique encore pesante, et trouver des ressources pour financer les priorités de l’État, dans un contexte où les Congolais attendent des solutions concrètes.
Figure charismatique, fin stratège et homme des chiffres, Adolphe Muzito se retrouve à nouveau au cœur des finances de l’État, face au défi de transformer ses idées en politiques publiques efficaces.
